Mes aventures

La Subasta ; une criée pas comme les autres

La Subasta ; une criée pas comme les autres
Birgit Dahl
15 h 40 min
novembre 27th, 2017

Acheter du poisson à la subasta de Moraira en Espagne est un vrai jeu ! Il fallait vraiment que je vous en parle. Cette criée est l’une des dernières criée publique ouverte à tous, même aux touristes. Il faut voir les anglais qui ne comprennent rien si ce n’est que pour eux c’est pas cher, les papis français qui trouvent que tout est devenu hors de prix en Espagne mais qui adorent échanger des commentaires, des rumeurs et finissent toujours par craquer, sans parler des ennemis ; le catalan qui rafle tout et arrive même à faire monter les enchères ou le restaurateur qui choisit les plus beaux. Peu de femmes, sauf les mères et soeurs de pêcheurs qui récupèrent les restent pour faire des Arroz A Banda, une autre manière de manger le riz qui vaut le déplacement, une sorte de paëlla au fumet de poisson, une merveille ! Alors moi, je suis connue, pas besoin de dire mon nom au crieur, quand il y a de la langouste, je peux en acheter et ils me font crédit quelques jours.

Bon, une petite explication s’impose. Je vais dans cette criée depuis que je suis petite et j’ai toujours adoré. Les pêcheurs partent le soir déposer les filets le long des côtes, Moraira a un cap qui permet de d’être un peu protégé des vagues. Tôt le matin, Manolo prend son gros bateau , Juanito doit se contenter de sa barque , le moteur du gros a laché et vont ramasser les filets. Ils reviennent vers 10 heures pour vendre à la subasta le fruit de leur pêche. Les poissons sont répartis dans des bacs puis disposer sur les bancs de la criée , les plus « chers » en premier.

Le crieur commence avec un prix donné par le pêcheur entre 25 et 30 euros le tas et il fait baisser les prix. Il parle en valencien super vite, mais on arrive avec des repères à savoir à peu près ou on en est. Pour avoir du poisson il suffit de lever la main (avant on criait « meou », c’était plus viril, on se civilise …) et de choisir son tas. Quand le calme revient, le crieur continue : « por los que queden » (ceux qui restent) jusqu’à ce que tout soit vendu ou que le pêcheur est posé son véto et embarqué sa marchandise qui finira dans les restau alentour. On paye à la fin avec la TVA et une taxe pour compenser les impayés qui sont légions (20% je crois) c’est tellement facile et les touristes en abusent !

J’ai déjà vu des acheteurs qui se battaient avant que le crieur ne descende les prix et à ce moment là les enchères remontent. C’était, il y a longtemps, ce fut une bataille mémorable pour une magnifique rascasse.

 

Je ne suis restée qu’une semaine à Moraira et à la crié, j’ai acheté des rougets d’une fraicheur incomparable :

Mon père, le tangérois les appellent « El sultan del mar », tout juste passés dans la farine puis cuis dans un fond d’huile bouillante, je mange rarement des rougets ailleurs qu’à Moraira, ils ne leur arrivent pas à la cheville.

Une autre fois, j’ai craqué pour les langoustes (elles, elles sont à prix fixes), de même que les rougets, je n’ai rien fait de compliqué, elles sont allées finir dans une casserole d’eau bouillante salée comme la méditerranée et piquante grâce à des petits piments séchés. La règle c’est : pour 700 grammes de langouste 7 à 8 piments de guindillas (des petits piments rouges séchés, des petits chilis font l’affaire) et cuire pendant 7 minutes, dans l’eau bouillante. Laisser refroidir avec un poids dessus pour que la queue ne se recroqueville pas. A déguster avec une mayonnaise maison tout simplement. Quand j’étais petite, ma sœur et moi, on devait se contenter des pinces, les parents nous disaient que ça donne des cauchemars. Pas question de faire croire ça à mes enfants, il a fallut partager ! D’un autre coté si on continue à vider les mers à la vitesse actuelle je ne sais pas si ils pourront se rattraper adultes et au moins ils pourront raconter comment c’était bon à leurs enfants !

Une autre fois, j’ai eu la flegme d’écailler mon poisson même si mon évier est des plus attrayant, alors j’ai acheté des pajots et je les ai cuisiné au gros sel comme ici mais sans les épinards. A l’intérieur du poisson, j’ai glissé quelques fleurs de fenouil trouvées dans le maquis, la chair était parfumée d’un petit goût anisée très agréable. Je n’ai pas eu le temps d’acheté des Caballas, les maquereaux espagnols tellement bleu que pourtant ils seraient bien maintenant dans mon mois d’août !

Mais je les ai pris en photo, si vous voulez en savoir plus sur la différence le billet de Patrick CdM est très clair. Au niveau du goût et de la texture, les caballas sont plus fermes et moins forts. Avec une telle fraicheur, ils sont meilleurs que tous les maquereaux que vous trouverez dans le commerce donc difficile de jujer. Je vous mettrais une recette à base de maquereaux de l’atlantique très bientôt ce sont des poissons bleus non ?

Il y avait aussi des petites bonites bleues auxquelles j’aurais bien jeter un sort si j’avais eu le temps, et une sorte de petit requin moucheté perdu dans un tas (tout petit faut pas avoir peur!)

J’en profite pour envoyer comme photo de vacances à Anne de Papilles et Pupilles, mon évier naturel où je nettoie les poissons achetés à la Subasta en nourrissant les petits crabes.  Bien sur, ça finit par un plouf et quelques brasses et hop vite à la cuisine.

J’ai choisi cette photo parmis beaucoup d’autres pour de bonnes raisons, d’abord c’est la mer méditérannée à laquelle je suis tant attachée, ensuite c’est traditionnel et familial, on nettoie le poisson directement dans la mer, moins d’odeurs et puis finalement espérons que ces bonnes traditions de SUBASTA ne s’arrêteront pas, que les touristes seront un peu plus respectueux du travail des pêcheurs et que cette bonne mer continue à nous livrer ces fruits poissons frais et comestibles !

 

Edit : depuis 2016 la Subasta est fermée, quelle tristesse !

6 commentaires sur “La Subasta ; une criée pas comme les autres

  1. Tu penses, le 24 août, ce billet m’avait échappé, comme bien d’autres depuis, mais pas pour les mêmes raisons…
    Instructive en tous cas cette criée « grand public », j’aimerais assez la même chose en Bretagne!

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